Salut ! Je suis bien content(e) d'être parmi vous, mais puisque vous ne me connaissez pas, je vais me présenter en quelques mots... Alors, pour commencer mon prénom c'est Tiphaine. J'ai un certain âge ans et je suis un(e) insupportable petit(e) fille. Ce personnage est mon 1er compte sur Cripple Creek et je peux assurer en moyenne une présence de 5 jours par semaine. Je peux également vous affirmer que j'ai lu le règlement ! La preuve, le code c'est I love Cripple Creek. Enfin bon, pour terminer, n'oubliez pas d'aller lire l'histoire de mon personnage, elle se trouve dans le message suivant !

Ma vie a commencé au sein même de Cripple Creek, en 1669. Effectivement, ça remonte. Mes parents étaient bien heureux de m'avoir, étant donné que j'étais pour l'instant leur seul et unique enfant : Jesse Hayden Livingston. Il n'y eu pas énormément de monde pour s'en réjouir et s'occuper de moi comme la huitième merveille du monde en revanche. Il faut dire que dans ces temps là, les enfants étaient plus désirés pour aider à travailler et ainsi s'occuper de leurs parents quand ceux-ci n'en seraient plus capables, que pour un simple amour familial. Moi, j'étais plus un soulagement après avoir réussi à passer le cap des deux ans de vie. Quand on naissait, il suffisait de voir dans quelle famille nous étions, pour pouvoir déterminer si nous étions quelqu'un ou pas. Dans mon cas, ce n'était pas le cas. Un père bûcheron, une mère filandière, un avenir destiné à travailler dur pour pouvoir vivre. Très jeune, mon seul rôle était d'aider à la maison. L'école ? Il ne fallait même pas y penser. Pas le temps, pas les moyens, pas la possibilité, la question ne se posait même pas. Comme la plupart des personnes, j'étais destiné à être analphabète, et à mourir assez jeune pour des raisons diverses, allant de la maladie à la famine. C'était d'une telle évidence pour tout le monde, qu'on ne s'en étonnait même plus. C'était ainsi. Quelques temps après mes 5 ans, j'eus bien failli avoir un frère ou une sœur, mais le bébé ne fut pas assez fort pour survivre à des conditions extrêmes qu'infligeait cruellement l'hiver. Comme si c'était tout à fait normal, les parents étaient retournés travailler, me confiant quelques tâches qu'un enfant aurait, au jour d'aujourd'hui, à ne jamais porter. Incapable de faire autre chose, je passais donc mes journées, et ce dès mes 6 ans, à courir d'un endroit à un autre pour apporter des messages, peu importe qu'il pleuve, qu'il vente, ou qu'il tempête. Tout ça pour quelques pièces, qui ne suffisaient parfois à rien. Charmante vie de bambin en somme.

Dans les histoires heureuses, on pourrait croire que j'ai finalement été adopté par une famille bourgeoise, qui m'aura appris tout ce qu'il fallait et m'aurait marié avec la fille de la première comtesse venue. Eh bien non, et il n'en fut rien de tout ça. Ce fut même un peu plus compliqué que ça. Un soir de violent orage, alors que nous étions dans la minuscule demeure qui représentait notre habitat, une tempête avait furieusement sévit sur Cripple Creek, ne faisant pas que du bien. On aurait pu en réchapper, car théoriquement, nous étions à l'abri. La maison n'a pas perdu son toit ou quoique ce soit. Mais la tempête avait réussi à déraciner un énorme arbre aux fondation plutôt fragiles, qui s'écroula sur notre chaumière. Le toit céda, s'écroulant d'une façon meurtrière. Les débris nous prirent tous les trois au piège, alors que je tentais vainement de rallier la porte. Je devais avoir une dizaine d'années, et il avait fallu attendre le lendemain que tout soit calmé pour que quelqu'un nous vienne en aide. Les seules personnes qui le firent d'ailleurs, étaient des pilleurs cherchant à en rafler le plus possible dans ces ruines. Au final je fus le seul à m'en sortir. La question de savoir qui allait s'occuper de moi n'effleurait que très peu d'esprits. Finalement, ce fut un vieil ermite que les gens au sein de la ville considéraient complètement fou à lier, qui se proposa pour m'adopter. Le choix ne s'étendait pas tellement, étant donné que personne ne voulait d'une nouvelle bouche à nourrir complètement inutile.

Contrairement à ce que j'aurai pu croire à l'époque, la vie était bien plus simple avec cet ermite, qui n'avait rien de fou comme le disaient les racontars. Walter était juste un homme d'une quarantaine d'années, profondément marqué par la vie. Il vivait à l'écart de la ville, dans une vieille ferme presque à l'abandon, mais qui marchait assez pour le faire vivre. Quelques plantations par-ci par-là, deux poules, un porc, et même un âne. Ses possessions, qui pouvaient paraître énormes pour la plupart de la population, n'avaient aucunes valeurs propres à ses yeux. Il survivait plus qu'il ne vivait. Sa solitude l'étouffait, mais pourtant était une sorte d'oxygène. C'était un homme étrange, pour le moins qu'on puisse dire. Mais les jours qui se succédaient semblaient plus simples, malgré leur routine. Je l'aidais dans sa ferme, incapable de faire autre chose. Il ne parlait pas énormément de lui, mais j'avais bien vu qu'il était beaucoup plus cultivé que tous les gens que j'avais pu fréquenter. Quand nous ne nous occupions pas des plantations ou des animaux, il m'apprenait à lire et à écrire, avec une patience inouïe. Je progressais de jours en jours. D'après lui j'étais très doué, bien que je doutais de ça, ayant parfois l'impression de lui prendre du temps pour rien. J'avais redouté de venir vivre avec lui, finalement au bout de quelques années à vivre ensemble, je me demandais pourquoi. Walter me voyait comme le fils qu'il n'avait pas eu. Vice-versa, c'était le père que j'aurai souhaité avoir. Dommage que le bonheur ne dure qu'un temps.

J'étais un adolescent, tout ce qu'il y avait de plus normal à l'époque, quand les soucis de santé commencèrent à se pointer chez Walter, qui avait approché de la cinquantaine, un âge déjà très respectable vu nos conditions de vie. Ça avait commencé par de la fièvre qui le faisait parfois délirer, des maux de ventre et de tête, des crampes, bref, tout ce qui le faisait souffrir et ce à quoi il répondait que ça irait, ça allait passer. Sauf que non, ça ne s'arrangeait jamais. Cela ne faisait qu'empirer. Un jour, j'avais proposé d'appeler un médecin, idée qu'il n'apprécia pas vraiment. « On a tous notre heure Jesse. Si la mienne est maintenant, soit. » Impossible de négocier l'idée, il restait buter, pendant que je le voyais s'affaiblir de jours en jours sans rien y pouvoir faire. Un matin, je le trouvais inanimé dans son lit. Vu l'air serein qui se dégageait de son visage, j'étais tenté de dire qu'il était mort durant son sommeil. Sur la table de la pièce à vivre, il ne restait qu'une lettre.
« Jesse,
Si tu lis ceci, c'est sans doute que je suis mort. Tant mieux. La vie était devenu un vrai fléau ces derniers temps, je serai bien mieux mort. Ne me pleure pas mon fils, contente toi de faire vivre cette ferme, de te trouver une petite femme, et d'avoir des enfants.
Ce qui se trouve caché sous l'armoire de ma chambre t'aidera.
Sois heureux. »
Et puis rien d'autre. Cédant à la curiosité, j'étais allé voir ce qu'était ce qui se trouvait sous l'armoire. En l’occurrence, une caisse en bois semblable à un trésor, tellement il débordait de pièces. Je me retrouvais avec une ferme et de l'argent sur les bras. Qu'aurait-il fallu de plus ?

Une femme, une famille. Je n'eus pas à chercher bien longtemps, car la fille pour laquelle je craquais fut celle du boulanger, Hannah. Un petit bout de femme rempli de bonne humeur, aux cheveux d'ébène et au yeux noisette, j'en tombais très vite sous le charme. Au grand plaisir du boulanger, qui n'aurait sans doute pas apprécié de devoir marier sa fille au premier pourri venu. De mon côté, j'atteignais la trentaine, âge où la plupart des hommes s'étaient déjà engagés. Mais après tout, j'avais ce qu'il me fallait, était-ci si pressé que ça de me trouver quelqu'un ? Si souvent, la gente masculine cherchait la dot la plus élevée, moi je recherchais surtout une bonne complicité. Quelqu'un avec qui je passerai du bon temps, pas que je me bornerai à supporter. Sinon je ne voyais absolument pas à quoi cela pouvait servir. Bref. Hannah avait tout pour me plaire, et il ne se passa pas longtemps avant que j'entame un jeu de séduction, profitant de la moindre occasion pour me faire bien voir avec elle. Chaque fois que je la croisais, je ne pouvais pas m'empêcher d'être hypnotisé par une telle beauté. Ça me semblait tout juste croyable qu'elle puisse s'intéresser à moi. Je ne me gênais même plus pour lui faire la cour devant d'autres personnes, prétendants ou non. Deux ans après, je demandais sa main à son père, au grand bonheur de la jeune femme. La cérémonie se fit dans une simplicité déroutante, et le soir même, on s'adonna pour la première fois à tout ce que la société interdisait en dehors du mariage.

On était heureux. Elle s'était installée définitivement avec moi, et nous avions vite pris l'habitude de nous laisser vivre comme bon nous le semblait. Le temps passait d'une façon des plus agréables. Je me rendais compte que j'avais été stupide en laissant tant de temps passer avant de tenter ma chance auprès d'elle. Elle attendait notre premier enfant d'ailleurs, ce qui se voyait très facilement de par son ventre rond et son humeur instable. De quoi nous ravir tous les deux en tout cas. Nous réfléchissions déjà au prénom de ce petit être, décidés à lui donner un nom original. Encore une fois, même si tout semblait aller bien, il allait en être autrement. J'avais laissé ma charmante femme se reposer un soir, sortant prendre l'air dehors. C'était un jour de printemps, mais l'air se montrait tout de même frisquet en pleine soirée. Ça ne m'empêcha pas d'aller faire un tour dans les bois, m'éclairant à l'aide d'une vieille lanterne trouvée dans la grange. D'habitude, le coin me semblait toujours chaleureux, mais là...Une chose changeait par rapport à d'habitude. Une ombre qui semblait me suivre. Peut-être que c'était mon imagination après tout, mais une fois que les mauvais pressentiments sont là...Bien plus tôt que d'habitude, je me retournais, prêt à prendre le chemin du retour. Une silhouette féminine se tenait là, simplement vêtue d'une robe bleue nuit. Elle était pied nus. Cette vision avait quelque chose de fantomatique, effrayant mais tellement hypnotisant. Elle l'avait compris je pense, car elle n'hésita pas à s'approcher, et à me faire des avances en tout impunité. Pousser les hommes à pêcher...Ce concept ne me plaisait pas. Et même si je me noyais dans ses yeux verts aux reflets si passionnants, je refusais une à une ses avances, pensant à Hannah et à notre enfant qui attendaient à la maison. Les mots que prononça cette curieuse jeune femme quand je tentais de m'en aller resteront gravées à tout jamais dans mon esprit : « Tu me plaisais bien. Mais manifestement, tu ne me seras pas d'un grand divertissement alors, dis adieu à la vie humaine. » A peine le temps de comprendre, que des crocs s'enfoncèrent dans mon cou, provoquant une douleur innommable.

Quand je me réveillais, plus rien n'était pareil. Il faisait sans doute froid, il pleuvait d'une pluie dense, à tel point qu'on n'y voyait pas à 5m devant soit, mais je ne ressentais rien. Le souvenir de ce qu'il s'était passé me fit frémir d'horreur. Instinctivement, je portais ma main là où les crocs avait perforé la peau de mon cou. Deux fines cicatrices se faisaient sentir, mais bien cicatrisées. Au moment présent, la seule chose qui m'obsédait : ma soif. J'avais tellement envie de boire, que cette soif me prenait au tripes. D'autres choses avaient indéniablement changé aussi. Ma vue, mon ouïe, mon odorat. Bon sang...Ce n'était pas possible. Je ne comprenais pas. Je ne pris même pas la peine de récupérer ma lampe que je me mis à courir pour rentrer, sous les trombes d'eau. Le pas de la porte passé, la porte claquée, mon regard horrifié se posant sur Hannah, qui semblait fatiguée. « Jesse ! Je t'ai attendu toute la nuit...Tu es sûr que ça va ? » Elle s'était interrompue devant mon air, qui devait être effrayant vu le mouvement de recul qu'elle eut. Je sentais son odeur, malgré les mètres qui nous séparaient. Je savais ce que je voulais...Mes canines s'allongèrent douloureusement, tandis que je cédais à ces nouvelles pulsions. Ma femme n'eut pas le temps de réagir que je me retrouvais sur elle, l'attrapant avec une violence et une force incroyable, plantant rageusement mes dents sur tout ce qui pouvait s'apparenter à un point d'abreuvement, comme un chien n'oserait pas se jeter sur un bout de viande. J'aspirais tout le sang que je pouvais, ne cherchant même pas à comprendre. A chaque nouvelle gorgée, les cris de la femme diminuaient. Je m'arrêtais seulement après m'être senti rassasié, reculant, m'asseyant, sonné. Puis, je comprenais ce que j'avais fait en voyant le corps sans vie sans moi. Hurler, pleurer, le mal était fait.

La nouvelle de la mort de Hannah fit vite le tour de Cripple Creek. J'étais pointé du doigt, considéré comme un vampire. Des hommes vinrent même chez moi dans l'espoir de me tuer. Ils avaient raison, mais je pouvais bien me laisser faire, je me remettais toujours de leurs supplices. Je pris la fuite le jour où ils voulurent essayer le bûcher. Dieu sait que ce ne fut pas les années les plus drôle de ma vie. J'avais fuit loin, où personne ne pouvait me retrouver. Je fuyais surtout ma nouvelle condition de vampire, tuant malgré moi. Pourtant, je faisais des efforts, tentant de laisser en vie les personnes sur qui je m'abreuvais. Ce qui n'était jamais une mince affaire. Je me sentais poursuivi par tout et n'importe quoi. Je passais de ville en ville, de pays en pays, sans jamais trouver un coin de sécurité. Toujours cette impression d'être pointé du doigt. Même si en toute logique, personne ne pouvait me connaître à des centaines de miles de Cripple Creek. Je fis quelques rencontres aussi, certaines moins positives que d'autres. D'autres vampires, plus ou moins acclimatés à cette vie. Des sorciers et sorcières voulant pour la plupart nous étriper. Des chasseurs de vampires, qui avaient plus ou moins la même idée en tête que les autres : l'extermination. Au final, notre espèce n'était pas des plus acceptées dans ce monde. Des jours, des mois, des années, des décennies, des siècles même d'errance. J'avais été un parfait témoin de la folie des hommes. Des guerres, des révolutions, ils se tuaient, se détruisaient, pensant être plus forts. Quelle idiotie. Les points positifs de ces années restant qu'à force de voyager d'un endroit à un autre, souvent avec une fausse identité, j'appris tout ce qu'un homme n'aurait pas pu savoir en une vie entière. Il m'était devenu facile e parler bien des langues, de me mêler à bien des civilisations. Et par dessus tout, j'avais retrouvé la femme qui m'avait transformé, détruisant ainsi ma vie. Je l'avais tuée elle aussi. Pour la première fois, j'avais ressenti un plaisir immense à ôter la vie. Même si au fond, je lui avais plus rendu service qu'autre chose. Hannah était en partie vengée, et ça calmait une minuscule part de scrupules dans mon cœur qui ne battait plus.

Finalement, j'ai réalisé que presque 300 ans après, cela ne servait plus à rien de fuir. Les gens avaient tellement évolué que l'histoire vampirique pour eux n'était maintenant plus que des frasques. Où que j'aille, Hannah resterait dans mes pensées. Alors, autant revenir vers le principal. Mon retour à Cripple Creek me laissait dubitatif. Essayer de me reconstruire, avec des gens autour de moi, me semblait compliqué sans faire de mal. Une nouvelle famille, ça pouvait bien être possible, oui ? Mais pas de celles que je serai obligé de quitter pour ne pas leur faire de mal. Une famille...De mon espèce. Le souhait était égoïste. Pourtant je m'y tenais. Il ne fallut pas longtemps pour que je sois complètement séduit par cette idée. Entre-temps, j'étais aussi devenu médecin généraliste. Sans doute parce que je trouvais l'humanité d'une fragilité déconcertante. Ça me plaisait, sans pour autant être ma vocation. Sentimentalement sinon, je me mis à la recherche de la cible parfaite, ce qui me dérangeait malgré tout. Je me sentais comme un traqueur qui suit ses victimes pour les achever. Dans un sens, c'était exactement ce que j'allais faire, bien que ne sachant pas du tout comment j'allais m'y prendre. A force de chercher, je me décourageais, songeant presque à renoncer à cette idée. Quand je la vis, elle. Il ne m'avait pas fallu longtemps pour l'aborder, complètement fasciné par cette femme qu'était Elisabeth Livingston. Je ne l'expliquais pas. C'était elle, et pas une autre. C'est tout. J'avais complètement oublié ce qu'était séduire une femme, et dans les premiers temps, je m'y prenais n'importe comment. Elle ne sembla pas s'en apercevoir heureusement. Mon prochain but dans la vie se dessinait enfin : me faire apprécier de cette femme, qui semblait bien inconsciente de ses charmes.

J'aurai pu user de mes pouvoirs pour la faire tomber plus vite dans mes filets, me direz-vous. Mais malgré moi, je tombais réellement amoureux de cette femme. Elle était tout de la perfection féminine. Je n'avais jamais cru aux coups de foudre, mais il fallait admettre qu'aujourd'hui, je revoyais cette possibilité sous un autre angle. Tout ce que je pouvais vivre avec Beth était tellement différent de ce que j'avais connu avec Hannah...On apprenait à se connaître l'un et l'autre. Je lui racontais des bêtises, avec une vie sans nuages. Elle me parlait de son fils, qui subissait une sévère crise d'adolescence, de ce qu'ils avaient traversé ensemble, du père absent. Je buvais presque ses paroles, souvent avide d'en savoir plus sur elle. Notre relation pu être considérée comme officielle, quand elle me présenta à Christopher. Qui ne fut pas franchement ravi de ma présence. Il me le faisait clairement comprendre, multipliant les remarques désagréables, et les sales coups. Des vêtements, objets disparus ou dégradés ? Il ne me fallait pas chercher bien loin pour trouver à qui la faute. Quand sa mère n'était pas là, c'était encore pire. Chris se comportait comme le dernier des idiots. Il ne savait vraiment pas à qui il s'attaquait. Même si elle le taisait, je savais que Elisabeth souffrait de cette situation, ce que je ne voulais pas le moins du monde. C'était une des raisons en particulier qui faisaient qu'au lieu de m'énerver pour quelques bêtises sans conséquences, je restais calme, essayant de faire entendre raison à cet ado. Certain auraient pu, mais moi je ne le détestais pas, loin de là. Il avait juste besoin d'être un peu écouté, c'est ainsi que je voyais la chose.

Ce climat de guerre permanente ne s'arrangeait pas avec le temps. Chris continuait de dépasser les bornes, ce qui me peinait profondément. Ne comprenait-il donc pas que en vouloir au monde entier n'arrangerait rien ? La gentillesse et le calme ne marchait pas ? Fort bien. Lors d'une autre dispute, je m'étais décidé à remettre les choses à plat. Ça avait failli partir n'importe comment. Je m'étais retrouvé à immobiliser les bras d'un jeune homme en larme, pendant que je haussais le ton pour me faire comprendre. Je ne comprenais pas comment on en était arrivé là. Mais cette mise au point sembla porter ses fruits dans les temps qui suivirent. Il ne me portait toujours pas dans son cœur, mais il ne me prenait plus en traître pour un oui ou pour un non. Un énorme progrès en soi. Beth aussi semblait plus heureuse ainsi. Je préférais ça parce que je pouvais l'affirmer haut et fort, moi qui n'avait plus voulu m'attacher depuis des dizaines de décennies, j'étais retombé amoureux. Et alors, vraiment fou amoureux. Je voyais en cette femme mon présent et mon futur. Je ne pouvais même pas imaginer me séparer d'elle. J'en étais incapable. Si bien que quelques temps après, je la demandais en mariage. La relation avec le jeune homme allait elle aussi en s'améliorant, tellement que officiellement, je l'adoptais. Je lui avais toujours dis que je ne voulais pas remplacer son père, mais parfois, je me demandais si ce n'était pas ce que je faisais malgré moi.

SElisabeth et Christopher représentaient mon seule et unique famille désormais. i je voulais que ça le reste, il fallait que je lance mon idée de base, les transformer...Mais étrangement, j'avais peur. Qu'ils m'en veuillent, qu'ils me détestent pour ça. Après quelques jours d'hésitation, je transformais finalement ma femme. Quand elle se réveilla, je du lui expliquer toute l'histoire. Et mine de rien, ce fut la première fois que je me sentais aussi mal à l'aise à être honnête. Sa réaction eut beau être moins pire que ce à quoi je m'attendais, j'étais certain qu'au fond, je n'aurai pas du. Sauf qu'encore une fois, il était inutile de revenir en arrière, c'était trop tard, la chose était faite. Assez vite, à force de discussion, je finis par rallier Elisabeth à ma cause. En attendant, je faisais mon possible pour l'aider à bien gérer sa condition vampirique, qui je le savais, n'était pas simple tous les jours. La suite logique des choses, nous arrivâmes à un compromis pour le jeune homme ; dès qu'il aurait atteint l'âge adulte, sa mère le transformerait pour qu'il rejoigne aussi ce côté de la vie.

Il n'y eut pas à attendre très longtemps. Chris venait d'avoir 21 ans quand avec Beth, on jugea qu'il était assez ''grand'' pour pouvoir être transformé. Faire une telle chose rebutait la jeune femme sur le moment, mais l'instinct maternel la poussait à vouloir garder son fils avec elle, ad vitam aeternam. Il ne se douta de rien, le jour où il fut appelé dans le salon. Je crois qu'il n'arriva même pas à comprendre dans le peu de laps de temps qu'il avait entre le moment où Elisabeth l'attrapa, et celui où il perdit conscience. Les heures qui suivirent furent tendues. J'avais beau répéter à ma femme que tout allait bien, que le processus était en route tout à fait correctement, elle continuait de s'en faire. Quand il vint à se réveiller, la première réaction fut bien sûr de le nourrir, pour éviter qu'il fasse une bêtise. Nous n'aurions aucun mal à le retenir, mais je me souvenais à quel point ma soif avait été meurtrière, il y a 300 ans de cela. Je ne voulais pas que d'autres fassent la faute. Je risquais de ne pas me le pardonner. Devant l'air perdu de Chris, il fallu bien se résoudre à lui expliquer tout, de A à Z. Mon histoire, la façon dont j'avais transformé sa mère, puis la façon dont elle l'avait fait avec lui. Son jugement fut plus dur que celui de sa mère, mais mes conseils lui permettaient de vivre comme avant, à quelques détails près. Et à force de passer du temps à lui apprendre à se contrôler, et à agir de façon discrète et efficace, la seule chose qu'on aura réussi à faire, c'est se rapprocher. Bien que ce ne fut pas une mince affaire. De toute façon, on a l'éternité devant nous maintenant.