Ma vie débuta il y a un peu plus de 23 ans, le 21 avril à Manhattan, New York. Une naissance qui s’était avéré difficile pour mes parents et pour moi-même. Je ne m’en rappelle pas, mais un jour mon frère me raconta que même à l’extérieure de la chambre, il avait entendu mes cris, à ma naissance. Des cris qui n’annonçaient pas seulement ma venue, mais également la souffrance que je portais sur moi. J’étais là que depuis quelques minutes, qu’on annonça à ma mère que j’avais subie plusieurs fractures et on a dû rapidement me soigner. Une naissance peu commune, qu’avait surprise mes parents et leur entourage. Une naissance, qui aujourd’hui restait encore dans l’ombre. Je n’étais même pas sûr que l’entourage de mes parents sache que j’existe. Tout le contraire de mon frère, qui était encore aujourd’hui leur plus grande fierté. Avec moi, je me doutais qu’ils ne savaient pas quoi faire. Je n’étais certainement pas l’idéal à montrer. Pourquoi ? Mes parents, sont tous deux des personnalités connues. Mon père, Oliver Klaus Silverstein, actionnaire du constructeur automobile BMW, contrôlant également le groupe de chimie Altana, avait déjà hérité une grande fortune de son propre père. Il est une des plus grandes richesses allemande. Ma mère quant à elle, Rydia Amanda Spencer, est une chanteuse internationale. Mes parents se sont connu il y a une trentaine d’année, quand ma mère était partie en Allemagne pour un concert privée. Ils se sont marié deux ans plus tard et avaient eu mon frère par la suite. Et finalement moi. Je ne peux pas dire grand-chose de plus sur mes parents, ne les connaissant pas vraiment. Ils sont constamment absents à cause de leur travail et on ne vit même pas dans le même endroit. On a plusieurs résidence, que ce soit aux USA ou en Europe et pour ma part, j’avais toujours eu un coup de cœur pour le manoir à Cripple Creek, c’est pour ça que j’y vis aujourd’hui avec mon frère.
Je souffre d’une maladie qu’on appelle ostéogénèse imparfaite. C’est une affection génétique. J’ai du mal à produire un certain type de protéine et de ce fait, mes os sont moins dense, moins résistant. Ils cassent facilement. J’ai déjà eu 27 fractures au cours de ma vie, et encore j’ai la forme la moins aigue de cette maladie, le type 1. Il y a le type 2, le type 3 et le type 4, dont les chances de survies sont bien moins nombreuses que le type 1. Voila pourquoi, je suis bien souvent victime de fatigue, j’ai une endurance limitée à rester dans une même position, que ce soit assise ou à être débout ou je souffre encore de douleurs chroniques dans le dos. Il m’est difficile de faire une seule chose bien longtemps. C'est pourquoi je ne fus jamais à l'école, me contentent d'avoir des cours particuliers à la maison. Et en fait, je sortais bien rarement, et si c'était le cas, jamais seul. Mon grand frère est toujours là pour m'accompagner.
Mon frère, Erwan, a cinq ans de plus que moi. On avait chacun, 10 et 5 ans, quand on emménagea dans le manoir de Cripple Creek, accompagné de notre major d’homme, Edgar, qui était déjà là à la naissance de mon frère. Il était déjà vieux, mais on l’aimait beaucoup. C’était la seule personne constance qu’on avait avec nous. Et avec lui, il y avait encore d’autres employés qui s’occupaient du manoir. Je m’en veux depuis bien longtemps d’empêcher mon frère de vivre plus pleinement sa vie, à cause de moi. Il est toujours resté à mes côtés, quoi qu’il arrive. Il aurait pu suivre mes parents après tout, vivre dans une grande ville, que ce soit à New York ou quelque part en Europe. Qui ne voudrait pas voir le monde ? Être connu, tout simplement ? Il aurait pu avoir beaucoup plus.
Une fois à Cripple Creek, la vie fut bien différente. Je devrais prendre mon courage à deux mains, et empêcher de rester tout le temps enfermé dans le manoir. Si cela n’aurait tenu qu’à moi, certainement que les choses se seraient passé ainsi, mais grâce à mon frère, j’ai su passer outre mes craintes et sortir plus souvent. A l’époque, la ville était moins touristique, au court de l’année, à part en été, donc la foule était bien moins dense, moins dangereuse surtout. Il ne fallait pas bien longtemps, que je fasse la connaissance des autres enfants de la ville. Ils étaient tous en train de jouer au football, de s’amuser. Ne pouvant pas participer, je ne pus que les observer. C’est ainsi que je fis la connaissance de Chris, un garçon de mon âge. Je pense que j’ai dû paraître bien ennuyant pour lui au début, en refusant sans cesse de jouer. Courier, sauter, le sport, s’amuser… des choses que je ne pouvais tout simplement pas faire. Naturellement quelques méchancetés de la part des enfants ne m’étaient pas passées inaperçu non plus. Ils ne pouvaient pas savoir… donc je ne leur en voulais pas. Il m’arrivait souvent de disparaître dans le manoir pendant quelques semaines, ne posant plus les pieds à l’extérieure à cause des autres enfants. Comment leur expliquer ? Des bleus, des fractures parfois, j’étais très vite celui qui casse. Au moins ça, ils s’en rappelaient très vite.
Et comme si ça ne fut pas assez, après avoir été malade depuis quelque temps, on me dépista une leucémie quand j’avais 9 ans. J’ai dû quitter Cripple Creek pendant plus d’un an, où je séjournai à l’hôpital en Allemagne pour rester auprès de ma famille, cette fois-ci. Non, que je n’avais pas envie de découvrir un peu plus sur l’une de mes origines, mais j’avais eu tout de même du mal à quitter Cripple Creek. Je suis passé par plus d’un an de traitement, de chimiothérapie intensive, où mon frère avait également cessé les cours pour rester avec moi. Finalement, j’étais en si mauvais état, qu’avoir quitté Cripple Creek, n’avait pas été une si mauvaise chose. Après tout, je n’avais eu nul envie que qui conque me voit dans un tel état. Heureusement, je finis par vaincre ce cancer, ce fut long bien sûr, mais au moins c’était un poids en moins pour mon frère, et pour moi.
Après deux ans d’absence, je revins à Cripple Creek avec mon frère. Je retrouvais une vie plutôt calme, celle que j’avais eue avant le cancer. Bien sûr, mon frère en était venu à me surveiller encore plus. Je pense qu’il a réellement peur de me perdre. Alors bien sûr, je fais attention de ne pas me faire mal, plus pour lui que pour moi en fin de compte. Mais j’avais aussi des envies, une d’entres elles étaient de pouvoir monter un jour à cheval. A Cripple Creek, nous avions à côté de notre manoir, une étable qui était jusqu’à présent vide. Pourtant après tant de mois d’insistance, mon frère accepta de nous acheter à tous deux des chevaux, à condition que je ne monte pas dessus. Bien sûr, j’étais déçu, mais je préférais au moins avoir un cheval, au lieu de rien du tout. Il m’était également interdit de m’en approcher tout seul. En fin de compte, je me sentais comme prisonnier de ma propre vie. Mon frère, selon moi, me protégeait un peu trop. Mais il est mon grand frère, et je devais faire ce qu’il me disait.
J’avais tout de même aussi mes forces, une l’une d’entre elles était de faire tout de même céder mon frère. C’est pourquoi l’an dernier, il accepta enfin de voyager avec moi. J’en avais assez de rester à Cripple Creek, à ne rien faire. A rater les choses, seulement à cause de ma maladie. J’avais envie de voyager, de voir du pays, tout simplement. C’est pourquoi il prit une année sabbatique, pour m’accompagner à travers les différents pays des Amérique, que ce soit du Nord ou du Sud. On voyageait dans un camping car, qui ressemblait plus à un bus qu’autre chose, mais il avait tout le confort nécessaire. Je pense même que je me suis rapprocher plus de mon frère, cette dernière année, que pendant toutes les autres années de notre vie. On avait pu laisser pour une fois, du moins majoritairement du temps, ma maladie de côté et simplement profiter de l’instant présent. En tout cas cette année est terminé et j’étais tout aussi prêt à revenir à Cripple Creek et de retrouver, après tant d’émotion, une vie un peu plus calme.